23 février 2012

Confidences de Confidentes

Je ne sais pas si j’ai une tête de psy mais mes amies se confient toujours à moi.
C’est peut-être parce que je suis une oreille attentive toujours prête pour être à l’écoute des autres ...

En tout cas, de toutes celles qui se sont confiées à moi, il y a deux de mes amies qui m’ont considérablement marquée.
La première Emma, je l’ai connue à l’école. On était toutes les deux nouvelles et on était dans la même classe. On s’est très vite liée d’amitié.

Et bien sur, elle n’a pas mis du temps pour me raconter tout sur sa vie, sa famille et surtout son petit ami. Elle était très amoureuse de ce dernier et me parlait de lui avec une telle passion que j’avais eu, des fois, l’envie d’avoir un petit ami moi aussi. Mais ça, c’est une autre histoire... [lolll]
L’autre est bien Jenny. Je la connaissais un peu avant Emma. Elle habitait le quartier voisin du mien  et on est devenu amies du fait qu’on partageait la même passion pour la lecture, l’écriture et les médias. Mais nos horaires ne nous permettaient pas de nous voir souvent, seulement, une fois par semaine à la réunion du Club littéraire de la bibliothèque adjacente à nos deux quartiers.

Alors, on avait pris l’habitude de tchater tous les après-midi.
Fidèle à cette tradition, cet après-midi là, comme tous les autres, d’ailleurs, je m’étais empressée pour rentrer à la maison après l’école. Et une fois mes leçons sues et mes devoirs faits, je m’étais emparée de mon phone pour taper l’une de ses phrases magiques qui débutaient toujours la conversation :
‘’Hi sista! Comment vas-tu ?’’
Elle n’avait pas tardé à me faire sa réponse.
‘’Salut ma chérie ! Je vais bien! Je suis heureuse ! Tu ne peux pas imaginer !… Et toi, comment vas-tu ?’’
Comment j’allais, moi ? Elle le saurait assez tôt mais j’étais curieuse de savoir ce que cachaient ces trois points de suspensions.
‘’Dis-donc, qu’est-ce qui te rend si heureuse, hein ?’’
‘’Ben, je vais te confier quelque chose : j’ai un amoureux et tu le connais.’’
    De plus en plus curieuse :
‘’Ah ouais ! Et c’est qui ?’’
‘’Steven !’’

Steven ! Evidemment que je le connaissais, ce gars-là ! Il avait intégré le club littéraire. Il y a quelques mois environs…
Comme j’étais perdue dans mes pensées et je tardais à lui écrire, Jenny continuait :
‘’Je l’aime vraiment, tu sais. Je ne t’en ai pas parlé avant parce que j’avais des doutes, mais maintenant, je suis sure de ce que je ressens. Vraiment, je n’aurais jamais cru éprouver ce sentiment après la mort de Junior.’’
Junior, c’était son premier petit ami. Il a perdu la vie lors du séisme le 12 janvier et Jenny avait beaucoup de mal à accepter sa disparition. Et à présent, j’étais contente qu’elle puisse enfin tourner la page.

Mais quelques jours après, j’allais découvrir quelque chose de terrible.
Mes deux amies étaient amoureuses d’un seul et même garçon. Celui-là ne se gênait pas pour entretenir une relation avec les deux, à la fois, les faisant croire à toutes les deux qu’il les aimait. Le pire, c’est qu’elles étaient complètement aveuglées. Elles n’avaient pas cessé de me faire des confidences, de me dire combien elles étaient chanceuse de rencontrer un mec aussi ‘’formidable ‘’. Tu parles !
         A l’époque, je ne fréquentais pas encore l’espace We-Lead et je n’avais pas la moindre idée de toutes les injustices que peuvent subir les filles et les femmes dans la société.
Mais cela n’empêche pas que j’étais révoltée par le fait que mes deux amies se fassent manipuler ainsi par un garçon.

D’un coté, je sentais que c’était pour moi un devoir d’agir, de faire en sorte que cela s’arrête mais de l’autre, je craignais, en ouvrant les yeux à mes amies de les faire souffrir et surtout de perdre leur amitié. Car elles se sentiraient doublement trahies et m’en voudraient surement de m’être tue, pendant si longtemps, sur une telle chose.

De jour en jour, je me sentais plus mal à l’aise vis-à-vis d’elles surtout lorsqu’elles se confiaient à moi. Mais, j’étais malgré moi, obligée de garder  le silence sur ce que je savais.        J’étais confuse.

Qu’auriez-vous fait à ma place ?
                                                              


                                                                                                              A suivre… 

                                                                                                                        Par  Sophonie Maignan.